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potato_lover

Sept. 16, 2022

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6h15, Gare de Lyon, près de la voie 5

D’un geste machinal, Héloïse souleva le couvercle du piano droit. C’était un vieux Bösendorfer, pas accordé depuis longtemps, dont les touches en ivoire avaient considérablement jauni au fil des années. Réparer les pianos publics ne figurait manifestement pas au budget du gouvernement local, mais Héloïse s’en foutait. C’était même réconfortant : les pianos vieillissaient avec elle.

Elle posa ses doigts sur le clavier, puis joua les premiers accords de la sonate n°8 en do mineur de Beethoven. La sonate pathétique, la préférée de sa mère, celle qui lui avait enseigné le piano. Les notes graves et rythmées de l’introduction retentirent dans la gare, attirant le regard de quelques badauds curieux. Elle n’y prêtait pas attention ; ce n’était pas pour eux qu’elle jouait.

Elle entama le deuxième passage, marqué « allegro di molto e con brio » : rapide et énergique. « Pas trop fort au début ! » avait rappelé sa mère lors d’une leçon, en agitant les bras comme pour retenir le son, l’enfermer au creux de l’instrument. Héloïse se souvint du conseil, et ce matin-là, elle joua plus doucement que d’habitude. Elle crut entendre sa mère la complimenter, et esquissa un petit sourire.

La vie d’Hélöise n’était pas facile après le décès de sa mère. Célibataire et ayant raté son bac, elle enchaînait les petits boulots, et, faute de moyens, fut obligée de vendre le Bechstein tant aimé dont elle avait hérité. Elle venait donc souvent à la gare de Lyon, là où elle pouvait encore rejoindre sa mère, pour lui donner de ses nouvelles.

Sa mère adorait toujours Beethoven, elle en était certaine.

(Un texte inspiré du roman « Des diables et des saints » de Jean-Baptiste Andrea, que je recommande vivement !)

musique
Corrections

6h15, Gare de Lyon, près de la voie 5

D’un geste machinal, Héloïse souleva le couvercle du piano droit.

C’était un vieux Bösendorfer, pas accordé depuis longtemps, dont les touches en ivoire avaient considérablement jauni au fil des années.

Réparer les pianos publics ne figurait manifestement pas au budget du gouvernement local, mais Héloïse s’en foutait.

C’était même réconfortant : les pianos vieillissaient avec elle.

Elle posa ses doigts sur le clavier, puis joua les premiers accords de la sonate n°8 en do mineur de Beethoven.

La sonate pathétique, la préférée de sa mère, celle qui lui avait enseigné le piano.

Les notes graves et rythmées de l’introduction retentirent dans la gare, attirant le regard de quelques badauds curieux.

Elle n’y prêtait pas attention ; ce n’était pas pour eux qu’elle jouait.

Elle entama le deuxième passage, marqué « allegro di molto e con brio » : rapide et énergique.

« Pas trop fort au début !

» avait rappelé sa mère lors d’une leçon, en agitant les bras comme pour retenir le son, l’enfermer au creux de l’instrument.

Héloïse se souvint du conseil, et ce matin-là, elle joua plus doucement que d’habitude.

Elle crut entendre sa mère la complimenter, et esquissa un petit sourire.

La vie d’Hélöise n’était pas facile aprèdepuis le décès de sa mère.

Célibataire et ayant raté son bac, elle enchaînait les petits boulots, et, faute de moyens, fut obligée de vendre le Bechstein tant aimé dont elle avait hérité.

Elle venait donc souvent à la gare de Lyon, là où elle pouvait encore rejoindre sa mère, pour lui donner de ses nouvelles.

Sa mère adorait toujours Beethoven, elle en était certaine.

(Un texte inspiré du roman « Des diables et des saints » de Jean-Baptiste Andrea, que je recommande vivement !)

Feedback

Texte très bien écrit, bravo ! Le choix du vocabulaire est adapté au contexte, et pas nécessairement des mots "évidents" ni "simple". Beau travail :)

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potato_lover

Sept. 21, 2022

0

Merci :)

6h15, Gare de Lyon, près de la voie 5


This sentence has been marked as perfect!

D’un geste machinal, Héloïse souleva le couvercle du piano droit.


This sentence has been marked as perfect!

C’était un vieux Bösendorfer, pas accordé depuis longtemps, dont les touches en ivoire avaient considérablement jauni au fil des années.


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Réparer les pianos publics ne figurait manifestement pas au budget du gouvernement local, mais Héloïse s’en foutait.


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C’était même réconfortant : les pianos vieillissaient avec elle.


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Elle posa ses doigts sur le clavier, puis joua les premiers accords de la sonate n°8 en do mineur de Beethoven.


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La sonate pathétique, la préférée de sa mère, celle qui lui avait enseigné le piano.


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Les notes graves et rythmées de l’introduction retentirent dans la gare, attirant le regard de quelques badauds curieux.


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Elle n’y prêtait pas attention ; ce n’était pas pour eux qu’elle jouait.


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Elle entama le deuxième passage, marqué « allegro di molto e con brio » : rapide et énergique.


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« Pas trop fort au début !


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» avait rappelé sa mère lors d’une leçon, en agitant les bras comme pour retenir le son, l’enfermer au creux de l’instrument.


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Héloïse se souvint du conseil, et ce matin-là, elle joua plus doucement que d’habitude.


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Elle crut avoir entendu sa mère la complimenter, et esquissa un petit sourire.


La vie d’Hélöise n’était pas facile après le décès de sa mère.


La vie d’Hélöise n’était pas facile aprèdepuis le décès de sa mère.

Célibataire et ayant raté son bac, elle enchaînait les petits boulots, et, faute de moyens, fut obligée de vendre le Bechstein tant aimé dont elle avait hérité.


This sentence has been marked as perfect!

Elle venait donc souvent à la gare de Lyon, là où elle pouvait encore rejoindre sa mère, pour lui donner de ses nouvelles.


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Sa mère adorait toujours Beethoven, elle en était certaine.


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(Un texte inspiré du roman « Des diables et des saints » de Jean-Baptiste Andréa, que je recommande vivement !)


(Un texte inspiré du roman « Des diables et des saints » de Jean-Baptiste Andrea, que je recommande vivement !)


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Elle crut entendre sa mère la complimenter, et esquissa un petit sourire.


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